C'est une décision qu'il faut prendre dans la vie: de quel côté veux-tu te battre ? Du côté des riches, de ceux, qui semblent toujours avoir la chance pour eux, de ceux qui paraissent être né pour jouer le rôle d'un maître ? Mais cette place est déjà occupée, tu ne serais que leur chien de garde. Ou est-ce que tu veux te battre avec ceux qu'on réprime aujourd'hui encore ?
Une autre remarque. Nos livres d'histoire s'efforcent de nous parler
des rois et des guerres qu'ils ont mené. C'est seulement quand
cela est vraiment inévitable qu'ils parlent des guerres des paysans
et des artisans. Et lorsqu'ils sont contraint d'évoquer une
des innombrables révolutions ils ne manquent jamais de parler des
horreurs et du terrorisme et des souffrances de l'ancien pouvoir qui fût
renversé. Ils veulent nous faire verser leurs larmes. Il est
vrai, il y a eu des révolutions qui ont échouées. Le
succès d'un mouvement révolutionnaire n'est pas garanti à
l'avance. Et lorsque l'ennemi est trop fort (comme c'était le cas
de la Commune de Paris) ou si les conditions ne sont pas mûres,
alors c'est certe un combat héroïque mais condamné
d'avance.
L'échec de la guerre des paysans en Allemagne n'a pas été
consumé en une seule fois. Il a été confirmé
pendant plusieurs guerres, depuis 1500 jusqu'en 1648, la fin de la guerre
de trente ans. Il a fallu des siècles au peuple allemand pour se
relever de cette défaite.
Par contre, il y a suffisamment de révoltes qui ont changé la vie profondément, qui ont même changé l'Europe entière, qui ont été un succès éclatant. Ce qui m'a impressionné le plus, ce sont Jan Zizka, un général énergique, intelligent, qui a amené les paysans tchèques à tenir en échec toute une meute d'ennemis, et puis Jean Paul Marat, ce petit homme, qui était à lui tout seul, armé d'une plume, aussi dangereux qui six mille soldats et une douzaine de canons.
J'ai tracé la vie de nos précurseurs. Ils ont montré la voie, nous pouvons apprendre de leurs erreurs, des limitations de leur temps: c'est comme si nous étions sur leurs épaules, il est normal que nous voyons plus loin. Mais nous pouvons aussi apprendre de leur courage, de leur intelligence, de leur subtilité, des moyens qu'ils ont utilisé pour mettre en échec leurs ennemis.
Ils étaient nos précurseurs dans la lutte pour l'avenir
de l'humanité. Aujourd'hui c'est à nous d'écrire l'histoire,
d'écrire notre histoire. Le progrès est inévitable.
On peut ralentir l'histoire ou la faire avancer. Karl Marx a dit
que les révolutions sont les locomotives de l'histoire. Alors: on a
besoin de mécanistes !
Remarque:
Henri est mort. Ces pages restent. Commentaires: joerg at hydrops point han point de
Jörg Ahrens, Königsberger Straße 32, 31226 Peine