Chapitre XXXVI


Marat, l'Ami du Peuple


Chapitre XXXVIII


CHAPITRE XXXVII.

BIOGRAPHIE.

MARS 1793.

SOMMAIRE. - Journal le Publiciste de la République. - Marat se disculpe d'avoir fait commerce de journalisme. - Le fait est attesté par ses ennemis. - Il déjoue de nouvelles menées des Girondins. - Il soutient la permanence du général Dumouriez. - Il fera de son corps un rempart aux Girondins contre des assassins. - Naïveté de Marat. - Tactique de police. - C'est à Marat qu'il faut attribuer la journée du 31 mai.

Le zèle aveugle de certains députés semi-patriotes nuisait parfois autant à l'Ami'du peuple que la haine des Girondins ; la séance du 9 mars en fournit une preuve. A propos d'une invasion qu'on aurait faite chez Corsas, journaliste contre-révolutionnaire et député, invasion dans laquelle les séditieux auraient brisé les presses du royaliste déguisé, Lacroix étant monté à la tribune et avait dit : « Je vois avec peine que des représentants du peuple, qui sont envoyés ici pour faire de bonnes lois, pour s'y occuper des intérêts du peuple, s'amusent à faire des journaux, à gangrener l'esprit des départements, à critiquer avec trop d'amertume les opinions de la Convention, qui ne sont pas les leurs. »

La Gironde sentit bientôt tout le parti qu'elle pouvait tirer de cette sortie irréfléchie ; aussi lit-on au Moniteur que Lacroix fut applaudi à chacune de ses paroles. Ce succès l'enivra, et, pour en perpétuer sans doute le souvenir, il proposa que tout député fût tenu d'opter entre la qualité de folliculaire et celle de représentant, et l'Assemblée consultée décida que les membres de la Convention qui faisaient des [184] journaux choisiraient entre l'une ou l'autre fonction. (Moniteur du 11 mars.)

C'était par suite de ce décret que le 14 mars 1793 le Journal de la République changeait de titre et prenait celui de Publiciste de la République française, ou Observations aux Français, par Marat l'Ami du peuple, député à la Convention. Au reste, la même épigraphe était conservée, et le numéro d'ordre maintenu ; par ce simple changement, le rédacteur échappait à la loi qui ne pouvait empêcher qu'un député publiât ses observations. Ce moyen d'éluder la loi n'était pas sans précédent ; en 1789, les Lettres du comte de Mirabeau à ses Commettants avaient succédé au journal les États-Généraux.

Au premier numéro du Publiciste, 144me de la série, Marat écrivait en note : « Moi-même, je me suis élevé cent fois, dans L'Ami du peuple, contre ces indignes députés qui passent leur vie à rédiger des séances pour vendre leurs manuscrits aux journalistes ; mais les députés pleins de zèle, qui remplissent leurs devoirs avec exactitude, qui consacrent une partie de leur temps à éclairer le peuple par leurs écrits, doivent-ils être confondus avec ces vils mercenaires ? Et devais-je être confondu avec eux, moi qui ai toujours consacré ma plume gratuitement au public ; moi dont les écrits n'ont d'autre but que de dévoiler les complots contre la liberté, de démasquer les traîtres, de défendre les opprimés, et de proposer des vues utiles ; moi qui prends sur mon sommeil le temps de jeter sur le papier mes idées ; moi qui ne m'accorde que le simple nécessaire, qui partage mon pain avec le pauvre, et qui n'ai que des dettes pour fruit de mes travaux. Quoi qu'il en soit, le décret porté par Lacroix, et enlevé dans le tumulte aux patriotes, est rendu. Je ne veux pas donner l'exemple de la désobéissance, quelque irréfléchi que le décret me paraisse. Je supprime donc de ma feuille le titre Journal, par cette suppression, la Convention sentira peut-être qu'elle doit revenir sur un décret dérisoire qui [185] ne servira qu'à faire douter de sa sagesse, s'il ne compromet pas son autorité ; car elle n'a pas plus le droit d'enlever aux mandataires du peuple leur plume, que leur qualité de député. » (Le Publiciste, N° 144.)

Est-il nécessaire d'ajouter que si antérieurement l'Ami du peuple avait blâmé les deputes-journalistes comme trafiquants, il n'avait pas conclu à la négation de leur liberté d'écrivains ? On n'osa inquiéter Marat sur sa nouvelle publication quotidienne, la Gironde dut une fois de plus s'apercevoir de son étourderie. C'est qu'aussi ces poursuites auraient entraîné des enquêtes propres seulement à faire ressortir le désintéressement du journaliste et à le rendre encore plus populaire. On alléguera, à propos du désintéressement que nous relevons encore ici, que nous sommes naïf de prendre ces assertions dans Marat lui-même et de nous imaginer que le lecteur y ajoutera foi. Où voudrait-on que nous les prissions ? Qu'on nous oppose une dénégation fondée et sérieuse chez quelqu'un de ses ennemis, et nous répondrons. Il pouvait, à quelques jours de là, hardiment écrire, et il n'a pas été démenti : « Dans les explications publiques qui ont eu lieu entre les membres des deux partis qui divisent la Convention, les hommes d'État, interpellés de s'expliquer sur mon compte, ont été réduits à se retrancher dans un seul grief : aucun n'a osé attaquer mes moeurs, mes actions, ma conduite privée ; mais tous m'ont accusé d'être trop exalté dans mes opinions, trop exagéré dans mes discours et dans mes écrits ; Buzot lui-même s'est borné à me représenter comme un homme qui pouvait être dangereux par sa popularité, par ses lumières, son audace et la véhémence de ses discours. » (Le Publiciste, N° 156.) Il me semble qu'une telle déclaration répond à tout.

Cependant la Gironde, baissant toujours d'influence, allait user d'autres moyens pour reconquérir son ascendant ; elle se promettait de compromettre les patriotes en les faisant extravaguer, bien sûre, pensait-elle, de rencontrer Marat applaudissant à toutes les propositions extrêmes ; elle va [186] tâcher aussi d'émouvoir le peuple en jouant le rôle de victime. Cette double tactique ne lui réussira pas plus que les autres, mais il faut bien s'en rendre compte pour s'expliquer que, sans se contredire, l'Ami du peuple a pu prononcer à la tribune de la Convention les paroles qui vont suivre.

On peut voir dans le Journal avec quelle vigueur le rédacteur s'est prononce déjà en différentes circonstances contre ce Dumouriez, agent de la cour sous la Législative, de connivence avec la Gironde sous le ministère Roland, intrigant fieffé, homme sans principes, mais général habile et mettant ses talents au service de quiconque pouvait lui être utile ; somme toute, il avait sauvé la République, et la saine politique voulait qu'on tirât de sa vanité, de ses passions, tout le profit possible, tout en surveillant de près sa conduite. C'était plus que jamais l'avis de Marat ; peu lui importaient ses ressentiments personnels, le mépris affecté que le général lui avait témoigné au bal Talma : le salut public avant tout.

Donc, dans la séance du 12 mars 93, une section de volontaires s'était présentée à la barre ; c'était la section Poissonnière, et son président avait dit, entre autres griefs : « Je demande un décret d'accusation contre Dumouriez et son état-major. » Le moment était on ne peut plus mal choisi pour présenter cette pétition ; Dumouriez, en effet, venait d'entrer en Hollande, de prendre Bréda et Gertruydenberg, d'opérer une diversion qui pouvait déjouer toutes les combinaisons des ennemis. Mais sous quel prétexte la section faisait elle cette demande ? « Sous prétexte, comme avait répondu Lacroix, que des officiers, à cinquante lieues de là, dans une autre armée, laissaient forcer l'avant-garde par impéritie ou par trahison. » On sent bien que le dessein secret n'était autre que d'achever de compromettre nos conquêtes dans la Belgique, en laissant une armée composée de volontaires livrée pour ainsi dire à elle-même ; en l'exposant à se débander par défaut de confiance en un nouveau chef ; en indisposant de jeunes soldats encore enthousiastes du héros de [187] Jemmapes. Ce n'était pas en des circonstances aussi critiques que l'Ami du peuple devait renouveler des dénonciations très-fondées sans doute, mais inopportunes. On s'attendait bien pourtant à l'entendre appuyer les sectionnaires, et du même coup l'Ami du peuple allait encourir le même blâme dont la Convention venait de couvrir la députation, sans que ses ennemis parussent y avoir trempé en quoi que ce fût. Marat, en effet, demanda la parole ; on n'eut garde de la lui refuser. « J'ai à vous dévoiler, dit-il, des complots horribles. Quelles qu'aient été les liaisons politiques de Dumouriez, quelles qu'aient été ses relations avec la cour, je le crois lié au salut public depuis le 10 août, et particulièrement depuis que la tête du tyran est tombée sous le glaive de la loi. Il y est lié par le succès de ses armes ; et c'est moi qui parais à cette tribune pour combattre la motion insensée, ou m'élever contre la proposition profondément perfide du décret d'accusation contre le général. Si cette proposition était adoptée, ce serait ouvrir aux ennemis les portes de la République. » L'orateur conclut à la mise en accusation des pétitionnaires et surtout de leurs complices ; passant alors à une autre accusation qui ne se liait à celle-ci que par le but de porter les patriotes aux derniers excès, il poursuit : « Je demande que le pétitionnaire lise l'article de sa pétition où l'on demande les têtes de Gensonné, de Vergniaud et de Guadet, crime atroce qui tend à la dissolution de la Convention et à la perte de la patrie. (Applaudissements unanimes.) Moi-même, je me suis élevé dans les groupes contre ces assassins ; je me suis transporté à la société populaire des Cordeliers ; j'y ai prêché la paix, et j'ai confondu ces orateurs soudoyés par l'aristocratie. » (Moniteur du 15 mars 1793.)

Marat venait d'échapper au double piège. La Gironde dut être déconcertée ; mais elle avait plus d'une ruse à son service, et c'est ici que va se montrer dans son grand jour cette naïveté de Marat dont Fabre nous parlait naguère, et dont ses ennemis surent si bien profiter. On l'avait [188] applaudi à outrance, il crut que l'Assemblée enfin le comprenait, que c'était le moment de lui prouver que, s'il avait défendu la Gironde contre des assassins, il n'était pourtant pas la dupe de la fourberie girondine ; il crut que les patriotes allaient le suivre dans cette voie, que les ennemis du peuple de Paris étaient à jamais dévoilés et par conséquent perdus comme influence. Remontant donc à la tribune : « Je demande que la Convention m'accorde le plus profond silence... Le foyer de conspiration est dans le sein de la Convention, dans le parti Roland, dans les hommes d'État qui veulent détruire la République... » (Des éclats de rire se font entendre dans une grande partie de l'Assemblée.)

LASOURCE. « Je réclame que Marat soit entendu jusqu'au bout. »

MARAT. « Voici, vous disais-je, le plan des hommes d'État : Quand les commissaires patriotes seront partis pour surveiller les généraux (on avait, en effet, proposé cette mesure), on provoquera au dehors des propos incendiaires contre les patriotes qui seront restés à la Convention, on appellera contre eux le meurtre... » C'est juste, en effet, ce qui arrivera avant un mois, ce qui se renouvellera plus d'une fois, hélas ! quand un parti voudra faire condamner l'autre. Mais le coup qui se préparait n'était pas encore porté, et Marat, qui le prédisait, pouvait passer provisoirement auprès des dénégateurs comme un agent de discorde, qui se plaisait à calomnier les intentions du plus pur patriotisme.

Lasource n'en manqua pas l'occasion : « La séance, dit-il, avait commencé par un état de choses qui devait tourner à l'instruction de la France et au profit de la liberté ; elle finit par un changement de scène qui tourne à l'égarement du peuple et au profit des conspirateurs. Marat était convenu, ce matin, que les mouvements qui ont eu lieu avaient leur cause immédiate dans un complot [189] ténébreusement tramé contre la Convention nationale ; il s'était élevé contre cette affreuse conjuration, et son opinion, j'ose le dire, n'était pas indifférente. Les conjurés l'ont senti. »

Qu'ont-ils donc fait ? se demande l'orateur. Ils ont circonvenu Marat pendant l'intervalle qui sépare la séance du matin de celle du soir, ils lui ont fait croire qu'il était dupe ; de là l'accusation qu'il vient de porter contre une partie de l'Assemblée. « Marat n'est pas la tête qui conçoit, mais le bras qui exécute... une fois qu'ils ont monté sa tête, cet homme extravague et délire à leur gré. » Quelle habileté ! L'orateur a commencé par montrer le cas qu'il faisait de son adversaire : « Son opinion n'était pas indifférente ; » puis il le dépeint non pas comme un homme de mauvaise foi, comme un coupable à punir, mais comme un homme dupe de son imagination, et voilà tout. En résumé, Marat n'est qu'un insensé dont il faut rire. Un simple argument va lui suffire pour prouver ce qu'il avance : « C'est ici, vous dit-on, qu'est la cause des mouvements qui ont eu lieu, le foyer du complot qui vient d'échouer. Quelqu'un conçut-il jamais une absurdité plus révoltante ! Que demandaient les attroupements qui ont troublé la tranquillité publique ? Les têtes de Brissot, de Guadet, de Buzot, de Gensonné et de quelques autres ; et ce sont ces hommes, dont on demandait la tête, que vous accusez d'avoir excité ces mouvements ? Ils ont excité ces mouvements dirigés contre eux seuls ! Ils les ont excités pour le plaisir de voir tomber leurs têtes ! Cette inculpation n'est-elle pas le comble de la mauvaise foi ou de la folie ? » (Moniteur du 15 mars 1793.)

En effet, rien de plus absurde comme logique apparente, mais rien de moins rare en fait. Nous avons tous assisté à la comédie du pistolet tiré à poudre et même à balle ; nous avons tous suivi quelque représentation de conspirations simulées ; nous savons comment cela s'arrange dans les préfectures de police, nous avons vu jouer les comparses, nous avons été témoins de leur semblant de fureur patriotique, nous avons entendu leurs cris de liberté. Fourbe insigne, rien de [190] plus illogique en apparence que de prétendre que ces gens-là étaient à la solde du pouvoir dont ils demandaient le renversement, et pourtant rien de plus vrai. Les dupes n'étaient ni vous ni Marat, mais les patriotes d'autant plus naïfs qu'ils étaient de meilleure foi. Pourquoi faut-il que dans cette lutte à mort Marat ne vous ait porté que des coups droits et loyaux, quand il savait que vous ne riposteriez que par des coups fourrés !

Le lendemain 13 mars, quelqu'un ayant demandé l'impression du discours de Marat, Thuriot, un républicain-modèle, comme on les appelle, répliqua : « Si nous ordonnions l'impression du discours de Marat, d'un homme qui dit tantôt blanc, tantôt noir, nous aurions l'air de nous occuper des hommes au lieu de nous occuper de sauver la patrie. Nous devons être comme l'esprit divin, qui jette la lumière sur le monde, nous devons tout éclaircir et étouffer ainsi toutes les divisions. » (Moniteur du 15 mars 93.) Modèles, en effet, de ces masques de la scène politique dont toute la grandeur est dans l'attitude, et qui modestement prennent pour esprit divin les mots sonores qui frappent les parois de leurs têtes vides. Voilà les patriotes qui se croyaient d'autant plus impartiaux qu'ils n'accusaient Marat que de folie ! Voilà les plus redoutables ennemis ; et l'habile Lasource savait bien que ses arguments retentiraient dans ces cerveaux-là.

Quant à Dumouriez qui, avant un mois, va consommer ses trahisons par sa proclamation du 27 mars où il annoncera qu'il marche sur Paris pour renverser la Convention et établir le gouvernement constitutionnel ; qui négociera, le 31, avec les Autrichiens ; qui, le 1er avril, fera arrêter et livrer aux ennemis les conventionnels en mission auprès de l'armée ; qui enfin sera contraint par ses soldats fidèles à la République à chercher un refuge dans les bras de l'Autriche ; quant à Dumouriez, Marat s'était expliqué de façon à ne pouvoir laisser de doute, dans son numéro 148 du 20 mars, où il traçait le tableau des trahisons successives du général : [191] « Ses attentats sont publics ; nos commissaires nationaux viennent de partir, avec mission de le rappeler à ses devoirs, ce qui est une entreprise absurde, et le pouvoir de le faire arrêter s'il ne se rétracte pas, mesure tardive dont ils pourraient bien être eux-mêmes les victimes, aujourd'hui qu'il a la force en main. Elle devait être prise il y a cinq mois, quand je la proposai. Mais puisqu'elle n'a pas eu lieu et qu'on l'avait laissé à la tête des armées, le mettre sous un décret d'accusation, avant qu'il eût consommé des crimes, était une imprudence impardonnable qui aurait livré nos troupes au fer de l'ennemi et ouvert les barrières de l'État. »

Or, on envoya les commissaires malgré les avertissements du fou ; on sait ce qui advint ; l'énergumène avait tout prévu de point en point. Rappelons encore ce que, le 13 octobre 92, il avait prophétisé : « Cent contre un, que Dumouriez émigre avant le mois de mars prochain. »

C'est assez de ces expressions grosses de mépris apparent, mais ne cachant au fond que l'impuissance de se disculper de faits très-réels, dont la Gironde aura à répondre un jour devant un jury d'historiens indépendants, mais qui n'appartiennent pas à cette étude particulière. Jusqu'ici nous n'avons assisté qu'aux escarmouches engagées entre la Montagne et le côté droit ; Marat a été sans contredit le plus infatigable assaillant de tout le parti patriote ; il a profondément blessé la plupart des chefs ennemis en les appelant séparément sur le terrain ; il les a individuellement attaqués au défaut de la cuirasse, il en a montré le côté faible, et c'est pourquoi il a assumé contre sa personne toute la rage des hommes d'État.

On peut affirmer aujourd'hui, sans crainte d'être contredit par des faits de valeur importante, que si la Gironde fut un jour appelée à se mesurer contre la Montagne, c'est-à-dire la République aristocratique contre la Démocratie, c'est-à-dire encore le principe de supériorité de nature contre le principe d'égalité humaine, et conséquemment le principe [192] d'autorité contre le principe de liberté, c'est à l'insistance de l'Ami du peuple que nos pères ont dû cette salutaire action décisive ; nous disons salutaire, car il n'y a pas de conciliation possible entre des principes contraires ; car ce qu'on appelle les moyens de transaction ne sont que des mesures propres à décimer périodiquement les soldats sans presque compromettre les chefs ; des mesures propres à ruiner le pays par l'inquiétude, l'indécision, le discrédit, le manque de confiance entre les partis toujours en suspicion et divisés ; des mesures propres enfin à corrompre les citoyens par l'achat des consciences aux profits des bannières. Oui, c'est à la conviction qu'avait Marat que ce suprême engagement des deux corps d'armée était nécessaire pour le triomphe de la liberté (triomphe que le 31 mai eût assuré, nous en avons la certitude, s'il n'eût pas immédiatement été compromis par la maladie mortelle, puis par l'assassinat de l'Ami du peuple), c'est, dis-je, à cette conviction de Marat que les patriotes de 93 durent aussi leur propre salut, car les faits qui vont suivre prouveront que le mot de conciliation prononcé par Isnard dans la fameuse séance du 12 mars, n'était qu'une armistice demandée par la Gironde pour préparer un nouveau plan de défense.

Hélas ! pourquoi faut-il que le 31 mai n'ait pas porté ses fruits, que les ennemis de l'égalité se soient relevés de leur défaite, et qu'à soixante-dix ans de distance la lutte soit encore, croyez-le bien, entre la Gironde et la Montagne, entre l'autorité et la liberté ! Cette considération si importante n'est-elle pas propre à nous tenir attentifs à ce qui va suivre ? [193]



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dernière modif : 08 May. 2001, /francais/bougeart/marat37.html